Cipriani

ABU DHABI

@petitfute

"A la manière des grands yachts qui sommeillent à l'occasion dans la marina juste en dessous, le Cipriani s'offre en tenue blanc, bleu, bois, entièrement gainé de somptueux panneaux de marqueterie havane. Des tables dressées riviera-style, les fines percales, la bibliothèque où trônent le dernier catalogue Riva et les bibles de l'art de vivre et de s'habiller, ces coussins ourlés marine au logo du plus célèbre barman de l'histoire, une terrasse en demi-lune sur les pontons et le ludion cosmique The Yas dans le viseur : lorsqu'à la nuit tombée tout s'embrase (n'étaient les avions en approche finale de l'aéroport !), reflets sur l'eau, jeux des volumes design, on s'accorde à placer le lieu dans le trio des plus belles tables d'Abu Dhabi. Maestro Giuseppe Cipriani, chez les Anges, doit être fier de ceux qui, de Porto Cervo à Istanbul, de Hong Kong à New York, écrivent les nouvelles pages de la légende du Harry's Bar de Venise, cette modeste locanda de 1932 devenue incontournable pour avoir inventé un beau jour le carpaccio (inspiré des toiles à dominantes rouges et blanches du peintre) et le Bellini (rose comme la robe d'un saint sur une toile de Giovanni Bellini). Là même où l'Aga Khan dégustait ses raviolis à la Piémontaise, Orson Welles achevait deux bouteilles de Dom Pérignon et Ernest Hemingway le manuscrit de Au-delà du fleuve et sous les arbres . C'est donc en parcourant A Venetian Legend , du fils Arrigo Cipriani, que l'on pioche à la carte les orecchiette au pistou, les tagliatelle au ragoût d'agneau ou les ravioli à la langouste. Service européen au guéridon, bar à cigares, maison de très belle tenue."