Scola Canton

"Cannaregio et le Ghetto** Si cette promenade parait moins prestigieuse que d'autres, moins auréolée d'églises et de musées, elle possède l'avantage de traverser un quartier vénitien peu touché par le tourisme, plus authentique et tout autant romantique, chargé d'histoire, de drames et de symboles. Voir l'itinéraire sur le plan détaillé p. 258. À l'arrêt du vaporetto San Marcuola, sur le campo du même nom donnant sur le Grand Canal, la façade de l'église San Marcuola, édifiée au 10° s. et transformée au 19e s., est restée inachevée. Elle abrite une Cène du Tintoret. Contourner l'église par le rio Terà dietro la Chiesa puis s'engager sur le rio Terà del Cristo prolongé par le rio Terà Farsetti. Poursuivre tout droit jusqu'au rio della Misericordia, et tourner à gauche dans la fondamenta degli Ormesini. Epiceries, poissonneries, boulan-geries, salon de coiffure, cafés et terrasses de petits restaurants se succèdent le long de la fondamenta, composant l'image d'une Venise affairée et populaire. Prendre sur la gauche la passerelle métallique conduisant au campo di Ghetto Nuovo. Campo di Ghetto Nuovo C2 Evoquant vaguement un amphithéâtre, le campo est entouré de demeures inhabi-tuellement hautes pour Venise, conséquence de l'impossibilité pour les Juifs d etablir leur résidence en dehors du quartier. Il règne sur le campo, que bordent quelques boutiques aux enseignes en caractères hébraïques (et pleines d'objets de culte, boutiques aux enseignes en caractères hebraiques (et pleines d'objets de culte, de bibelots en verre, de cartes postales et de livres) une atmosphère paisible et Si la présence d'une communauté juive est attestée au 10€ s. sur la Giudecca, c'est au moment de l'attaque de la Ligue de Cambrai (1503) que les Juifs (qui n'avaient pas le droit, depuis un décret de 1395, de s'installer dans la cité) se réfugièrent en masse au centre de la Sérénissime. Ils sont alors confinés dans le quartier du Ghetto, officiellement créé en 1516. Reclus de minuit à l'aube dans le quartier, aux issues fermées, les Juifs peuvent circuler dans la ville durant la journée à la condition de porter le segno (chapeau jaune). Les premiers Juifs vénitiens, chassés d'Allemagne et d'Europe de l'Est par les persécutions, ashkénazes, sont rejoints en 1541 parles séfarades expulsés d'Espagne et du Portugal qui s'établissent dans le Ghetto Vecchio, les deux communautés vivant séparément. La Grande Peste de 1630 marque le début du déclin, tant de la République que de sa communauté juive, dont une grande partie abandonne la ville. Lorsqu'en 1797, Bonaparte ordonne l'ouverture des portes du Ghetto, ils ne sont plus que 3 000 Juifs à résider à Venise. En 1866, lors de la réunification avec l'italie, ils obtiennent enfin l'égalité complète des droits. Le régime fasciste laissera la communauté en paix jusqu'aux lois raciales de 1938, avant qu'elle ne soit ensuite victime de rafles menées par les unités spéciales nazies basées à Trieste (237 seront déportés). De nos jours, l'effectif de la communauté est estimé à 500 personnes, dont une petite trentaine vit dans le Ghetto. Museo Ebraico (Musée hébraïque) Cannaregio 2902/b - www.museoebraico.it - 10h-17h30 (juil-sept: 19h) - fermé sam., fêtes juives, 25 déc., 1" janv. et 1e Mai - 3 €. Établi dans la synagogue allemande (Scuola tedesca), ce musée retrace l'histoire de la communauté juive de Venise et présente de précieux objets de culte, essentiellement ornementaux ou destinés au maniement des rouleaux de la Loi, ainsi que des textiles brodés. Synagogues du Ghetto** - www.museoebraico.it - visite guidée en français sur demande préalable, départ du Musée hébraique - fermé sam., fêtes juives, 25 déc., ler janv. et 1e Mai - 8,50 € (billet combiné avec Musée hébraique). Pour repérer ces synagogues situées à l'intérieur d'immeubles d'habitation, il suffit de lever les yeux vers les étages supérieurs: cinq fenêtres (autant que la Torah compte de livres) et des lanternes placées discrètement à hauteur des toits indiquent la présence du lieu de prière. Trois d'entre elles sont situées sur le Campo di Ghetto Nuovo. La synagogue allemande (Tedesca), ashkénaze, au-dessus du musée hébraïque, la synagogue italienne et la synagogue Canton, dont le nom pourrait provenir du banquier qui la fit construire au 16e s. Poursuivre sur la calle Ghetto Vecchio que bordent quelques appétissantes pâtisseries. Sur le campiello delle Scuole, se dresse la synagogue espagnole (Scuola Spagnola), probablement reconstruite par Baldassare Longhena au 17e s. Continuer sur la calle del Ghetto Vecchio jusqu'à la fondamenta Pescaria. Longer sur la droite le canal Cannaregio ponctué de quelques cafés. Prendre à gauche le ponte dei Tre Archi, réalisé à la fin du 17 5, par Andrea Tirali, dernier exemple subsistant à Venise de pont à trois arches. Sur la droite, s'élève l'église San Giobbe. Lun.-sam. 10h-17h - 2, 50 € (Chorus gratuit). Bordée par un paisible rio où flottent quelques barques, cette église, dédiée à saint Job, a été construite au cours de la seconde moitié du 15° s. par Pietro Lombardo. Le portail de la façade est un bel ouvrage Renaissance sur lequel prennent appuiles statues des saints Bernardin, Louis d'Anjou et Antoine; la lunette contient un bas-relief représentant saint François et saint Job. À l'intérieur, céramique vernissée attribuée à Luca Della Robbia, retable de Paris Bordone et triptyque d'Antonio Vivarini. Revenir sur le canal pour le longer à nouveau sur son flanc droit, sur la fondamenta Savorgnan prolongée par la fondamenta Venier également animée de restaurants et de cafés. Poursuivre tout droit en laissant sur sa gauche le ponte delle Guglie, élevé en 1580, et qui doit son nom aux petits obélisques qui décorent ses parapets. Tourner à droite dans la salizzada San Geremia donnant sur le campo San Geremia, bordé de terrasses de café et dominé par l'église du même nom (abritant notamment des œuvres de Palmale Jeune). Traverser tout droit le campo, et s'engager sur le rio Terà Lista di Spagna, ponctué de magasins, menant au ponte degli Scalzi où se trouve l'arrêt du vaporetto Ferrovia. "