Sucrerie de Bois-rouge
Vous pensez qu'il y a une erreur sur ce lieu ?
Signaler une erreur
Vos retours sont importants pour nous. Si vous avez remarqué une erreur concernant ce lieu, merci de nous en informer pour que nous puissions la corriger.
Propriétaire de ce lieu ?
Nous récupérons automatiquement les informations disponibles sur votre lieu. Si jamais celles-ci ne sont pas correctes, connectez-vous gratuitement sur notre tableau de bord pour les modifier et bonus, accédez à vos statistiques détaillées.
Ce qu'en disent les utilisateurs
Autres lieux à voir autour
"𝑩𝒂̂𝒕𝒊𝒆 𝒆𝒏 1817, 𝒆𝒕 𝒅𝒖𝒓𝒂𝒏𝒕 𝒑𝒍𝒖𝒔 𝒅𝒆 90 𝒂𝒏𝒔, 𝒍𝒂 𝒔𝒖𝒄𝒓𝒆𝒓𝒊𝒆 𝒅𝒆 𝑩𝒐𝒊𝒔 𝑹𝒐𝒖𝒈𝒆 𝒆𝒔𝒕 𝒊𝒏𝒕𝒊𝒎𝒆𝒎𝒆𝒏𝒕 𝒍𝒊𝒆́𝒆 𝒂𝒖 𝒅𝒐𝒎𝒂𝒊𝒏𝒆 𝒔𝒖𝒄𝒓𝒊𝒆𝒓 𝒅𝒖 𝒎𝒆̂𝒎𝒆 𝒏𝒐𝒎 𝒆𝒕 𝒂̀ 𝒍’𝒉𝒊𝒔𝒕𝒐𝒊𝒓𝒆 𝒅’𝒖𝒏𝒆 𝒇𝒂𝒎𝒊𝒍𝒍𝒆 𝒅𝒆 𝒏𝒐𝒕𝒂𝒃𝒍𝒆𝒔 : 𝒍𝒆𝒔 𝑩𝒆𝒍𝒍𝒊𝒆𝒓-𝑴𝒐𝒏𝒕𝒓𝒐𝒔𝒆. 𝑭𝒓𝒂𝒏𝒄̧𝒐𝒊𝒔-𝑿𝒂𝒗𝒊𝒆𝒓 𝑩𝒆𝒍𝒍𝒊𝒆𝒓-𝑴𝒐𝒏𝒕𝒓𝒐𝒔𝒆, 𝒄𝒓𝒆́𝒂𝒕𝒆𝒖𝒓 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒔𝒖𝒄𝒓𝒆𝒓𝒊𝒆 𝒆𝒕 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒑𝒓𝒐𝒑𝒓𝒊𝒆́𝒕𝒆́, 𝒑𝒖𝒊𝒔 𝒔𝒐𝒏 𝒇𝒊𝒍𝒔, 𝑨𝒅𝒓𝒊𝒆𝒏 𝑩𝒆𝒍𝒍𝒊𝒆𝒓‑𝑴𝒐𝒏𝒕𝒓𝒐𝒔𝒆, 𝒔𝒐𝒏𝒕 𝒂̀ 𝒍’𝒐𝒓𝒊𝒈𝒊𝒏𝒆 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒄𝒐𝒏𝒔𝒕𝒊𝒕𝒖𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒅’𝒖𝒏 « 𝒆𝒎𝒑𝒊𝒓𝒆 » 𝒂𝒈𝒓𝒐-𝒊𝒏𝒅𝒖𝒔𝒕𝒓𝒊𝒆𝒍 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒍’𝑬𝒔𝒕 𝒅𝒖𝒓𝒂𝒏𝒕 𝒍𝒆𝒔 𝒂𝒏𝒏𝒆́𝒆𝒔 1850-1860. 𝑬𝒏 1912, 𝒍𝒆𝒔 𝒅𝒆𝒔𝒄𝒆𝒏𝒅𝒂𝒏𝒕𝒔 𝒅’𝑨𝒅𝒓𝒊𝒆𝒏, 𝒏𝒆 𝒔𝒐𝒖𝒉𝒂𝒊𝒕𝒂𝒏𝒕 𝒎𝒐𝒓𝒄𝒆𝒍𝒆𝒓 𝒍𝒆𝒖𝒓 𝒉𝒆́𝒓𝒊𝒕𝒂𝒈𝒆, 𝒇𝒐𝒏𝒅𝒆𝒏𝒕 𝒍𝒂 𝒔𝒐𝒄𝒊𝒆́𝒕𝒆́ 𝑨𝒅𝒓𝒊𝒆𝒏 𝑩𝒆𝒍𝒍𝒊𝒆𝒓, 𝒄𝒓𝒆́𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒒𝒖𝒊 𝒓𝒆𝒇𝒍𝒆̀𝒕𝒆 𝒂𝒖𝒔𝒔𝒊 𝒍’𝒆́𝒗𝒐𝒍𝒖𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒅𝒖 𝒄𝒂𝒑𝒊𝒕𝒂𝒍𝒊𝒔𝒎𝒆 𝒓𝒆́𝒖𝒏𝒊𝒐𝒏𝒏𝒂𝒊𝒔 𝒂𝒖 𝒅𝒆́𝒃𝒖𝒕 𝒅𝒖 𝑿𝑿𝒆 𝒔𝒊𝒆̀𝒄𝒍𝒆. 𝐋𝐚 𝐜𝐚𝐧𝐧𝐞 𝐚̀ 𝐬𝐮𝐜𝐫𝐞, 𝐚𝐧𝐜𝐢𝐞𝐧𝐧𝐞 𝐢𝐧𝐝𝐮𝐬𝐭𝐫𝐢𝐞 𝐟𝐥𝐨𝐫𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐭𝐞 𝐝𝐞 𝐋𝐚 𝐑𝐞́𝐮𝐧𝐢𝐨𝐧 (𝐞𝐭 𝐨𝐫𝐢𝐠𝐢𝐧𝐞 𝐝𝐞 𝐥'𝐞́𝐜𝐨𝐧𝐨𝐦𝐢𝐞 𝐞𝐬𝐜𝐥𝐚𝐯𝐚𝐠𝐢𝐬𝐭𝐞 𝐝𝐞 𝐥'𝐢̂𝐥𝐞) Le 19 mars 1793, pendant la Révolution, le nom de l'île Bourbon est transformé en « île de La Réunion » pour effacer le nom de la dynastie française fraîchement abolie. Le 26 septembre 1806, l’île prend le nom de Bonaparte et se retrouve en première ligne dans le conflit franco-anglais pour le contrôle de l’océan Indien. L'abolition de l'esclavage votée par la Convention nationale le 4 février 1794 se heurte au refus de son application par La Réunion, comme par l'Isle de France (île Maurice). Une délégation accompagnée de forces militaires, chargée d'imposer la libération des esclaves, arrive à l'Île de Bourbon le 18 juin 1796 pour se voir aussitôt expulsée sans ménagements. Il s'ensuit une période de troubles et de contestations du pouvoir de la métropole qui n'a plus aucune autorité sur les deux îles. Le Premier consul de la République, Napoléon Bonaparte, y maintient l’esclavage qui n’a jamais été aboli dans la pratique, avec la loi du 20 mai 1802. Pendant les guerres napoléoniennes, lors de la campagne de Maurice, le gouverneur de l'île, le général Sainte-Suzanne, est contraint de capituler le 9 juillet 1810. L’île passe alors sous domination britannique, puis est rétrocédée aux Français lors du traité de Paris en 1814. 𝐋𝐞 𝐬𝐮𝐜𝐫𝐞 𝐫𝐞́𝐮𝐧𝐢𝐨𝐧𝐧𝐚𝐢𝐬, 𝐝𝐞 𝐥'𝐚𝐩𝐨𝐠𝐞́𝐞 𝐚𝐮 𝐝𝐞́𝐜𝐥𝐢𝐧 Après les catastrophes climatiques de 1806-1807 (cyclones, inondations), la culture du café décline rapidement et est remplacée par la culture de la canne à sucre, dont la demande métropolitaine augmente, du fait de la perte par la France de Saint-Domingue (actuelle Haïti), et bientôt de l'île de France (île Maurice). Du fait de son cycle de croissance, la canne à sucre est en effet insensible à l’effet des cyclones. Survenue en 1841, la découverte d’Edmond Albius sur la pollinisation manuelle des fleurs de la vanille permet bientôt à l’île de devenir le premier producteur mondial de vanille. Essor également de la culture du géranium dont l’essence est très utilisée en parfumerie. De 1838 à 1841, le contre-amiral Anne Chrétien Louis de Hell est gouverneur de l’île. Un changement profond de la société et des mentalités liés aux événements des dix dernières années conduit le gouverneur à saisir le Conseil colonial de trois projets d’émancipation. Le 20 décembre 1848, l’abolition de l'esclavage est finalement proclamée par Sarda Garriga (le 20 décembre est un jour férié à La Réunion). Louis Henri Hubert-Delisle devient son premier gouverneur créole le 8 août 1852 et reste à ce poste jusqu’au 8 janvier 1858. C'est à cette époque, à la faveur de l'abolition de l'esclavage de 1848 et de l'arrivée massive de main d'œuvre originaire du sous-continent indien, que les premières usines de canne à sucre font leur apparition et se diffusent un peu partout dans l'île. On commence en effet à cultiver la canne à sucre que les colons avaient trouvée dans l’île à leur arrivée ; elle va rapidement s’implanter sur les pentes de Trois Bassins. Cette canne cependant ne sert pas encore à faire du sucre, mais de l’alcool. Ces cannes, comme l’écrit Antoine Boucher (celui qui s’appellera plus tard Desforges Boucher et sera Gouverneur) sont brulées en octobre et novembre, et les jeunes cannes, qui les remplacent, moins sucrées et plus juteuses, sont utilisées pour faire du fangourin ou vin de miel (jus de canne fermenté) ou de l’arack (eau de vie de canne obtenue par distillation dans une alambic). Le terme fangourin est d’origine malgache et désigne d’abord un rudimentaire moulin à cannes, fait de deux troncs d’arbres, puis la boisson obtenue de ce pressoir. Antoine Boucher dénonce l’ivrognerie des habitants de ce premier temps de la colonisation, et cite, parmi les fabricants, deux habitants de Trois Bassins, François Mussard, qui en fait le commerce et s’enrichit, et surtout Pierre Hibon qui aider de sa famille arrive en retirer une très grosse production. Plus que l’alcoolisation des habitants, ce que redoute la Compagnie c’est leur concurrence : cette eau de vie est en effet vendue moins cher que celle de la Compagnie, laquelle reste au magasin. C’est toujours la menace de la contrebande qui effraie la Compagnie. L’avenir va lui donner raison car toute sorte de contrebande avec les pirates vont se faire dans cette « ravine interdite »… Au milieu du XIXe siècle, la production sucrière réunionnaise explose se trouve ainsi rapidement aux premiers rangs régionaux sinon mondiaux, rivalisant avec celle de l'île Maurice voisine (l'île a en effet compté jusqu'à 200 sucreries produisant plus annuellement plus de 60.000 tonnes de sucre). Cependant, la production s'effondre dès les années 1860, en raison du percement du canal de Suez qui conduit le trafic marchand à s’éloigner de l’île mais aussi du fait de l'essor de la culture de la betterave à sucre en Europe (où l'on y a de plus en plus recours pour satisfaire les immenses besoins en sucre du Vieux Continent). La dépression économique et l'effondrement de production de sucre de La Réunion se prolonge pendant quatre décennies, tandis même que les autres producteurs de sucre de l'océan Indien et de l'océan Pacifique connaissent l'explosion de leur production à la même période (les archipels d'Hawaii et des Fidji, le Natal sud-africain, le Queensland australien, l'île Maurice fraîchement devenue britannique – et qui bénéficie du précieux débouché que représente le boum des exportations vers l'empire britannique des Indes). La Réunion se singularise alors par un marasme prolongé de sa production sucrière, qui dure pratiquement jusqu'en 1914-1918, se trouvant désormais au dernier rang des producteurs de l'océan Indien et du Pacifique. Aujourd’hui, l'île ne compte plus que deux usines actives, tandis que plusieurs anciens sites sucriers (comme celui de Bois-Rouge ou de la Stella Matutina) sont devenus des musées ou des lieux de patrimoine ! 𝐋𝐚 𝐟𝐨𝐧𝐝𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐬𝐮𝐜𝐫𝐞𝐫𝐢𝐞 𝐝𝐞 𝐁𝐨𝐢𝐬-𝐑𝐨𝐮𝐠𝐞 À partir des années 1810-1820, François-Xavier Bellier-Montrose (1766-1846) s’intéresse à la plaine de Bois Rouge où il remembre des terrains formant le cœur du domaine. À une première parcelle achetée le 19 juin 1810, il ajoute huit autres terrains et constitue un domaine de plus de 100 hectares. Au mois de janvier 18161, il est fait mention à Bois Rouge d’un alambic, destiné à la fabrication d’alcool de canne. Au cours de l’année 1817, François-Xavier Bellier-Montrose créée la sucrerie, attestée par le recensement de 18183 qui mentionne la production de 300 000 quintaux (3 tonnes) de sucre. 40 000 gaulettes² (100 ha.) sont plantées en cannes à sucre, 20 000 g² (50 ha.) en maïs, 2 000 g² (5 ha.) en patates douces. Dans la liste des 121 esclaves, pour la première fois, on voit apparaître la mention d’un « sucryé » (sic) en la personne de Jacquemin, Créole de 36 ans. Ce détail est intéressant : l’un des esclaves de François-Xavier Bellier-Montrose a acquis rapidement le savoir-faire nécessaire à la fabrication du sucre. Le moulin de Bois Rouge fonctionne à l’aide d’une machine à vapeur de fabrication anglaise, innovation fondamentale dans l’île introduite par les frères Charles et Joseph Panon-Desbassayns. François-Xavier Bellier-Montrose suit leur exemple et Bois Rouge est la troisième sucrerie équipée d’un moulin à vapeur au début des années 1820. Le choix de machines à vapeur « opère une rupture dans l’activité sucrière mondiale et installe l’île dans la dimension industrielle. […] L’île s’est convertie presque d’un coup à la vapeur, bien plus vite que Maurice et les Antilles »5. La révolution industrielle est en marche à Bourbon, portée par la mise en place de l’industrie sucrière : de 1810 à 1820, le nombre de sucreries passe de 10 à 91. À Saint-André, les recensements permettent d’affirmer qu’il existe 11 sucreries dès 1818, 17 en 18236, commune qui se place au second rang après Saint-Benoît7. De 1816 à 1822, année correspondant à la dernière acquisition faite par François-Xavier Bellier-Montrose dans la plaine de Bois Rouge, la superficie cultivée en cannes à sucre sur le domaine passe de 12 000 g² (30 hectares) à 44 000 g² (110 hectares). Il n’est pas possible de disposer des mêmes chiffres pour la production de sucre en raison de l’absence de données précises. Des plantations de manioc, de maïs, de patates douces, existent également, destinées à la nourriture des esclaves rattachés à la propriété. Vers 1825-1826, la famille Bellier-Montrose s’installent dans une grande maison en pierre élevée non loin du rivage et de l’usine. Réalisée probablement d’après les plans de Jean-Baptiste de Lescouble, cette demeure marquée par l’influence du néoclassicisme est l’une des premières manifestations importantes de ce style à La Réunion. L’élévation sud donnant sur le jardin, la toiture terrasse originelle, reprennent aussi des modèles néoclassiques nés à Pondichéry à la fin du XVIIIe siècle. Au cours des années 1830-1840, Bourbon connaît la première crise économique de l’ère de la canne à sucre. En 1829-1830, trois cyclones affectent les champs et les bâtiments. Par ailleurs, la mévente du sucre en métropole, concurrencé par le sucre de betterave baptisé « indigène » et la difficulté d’obtenir les esclaves sans cesse toujours plus nécessaires aux travaux des champs qui ne cessent de s’étendre, mettent un terme à l’euphorie sucrière bourbonnaise des 20 premières années du XIXe siècle. De nombreux planteurs sont ruinés, incapables de faire face aux échéances des emprunts contractés pour l’acquisition d’un matériel onéreux. Concernant les esclaves, en 184215, 236 esclaves vivent à Bois Rouge : 98 Créoles, 57 Malgaches, 64 Cafres et 17 Indiens. Le groupe des Créoles est devenu majoritaire et le restera jusqu’à la fin du régime servile, conséquence du renforcement sous la Monarchie de Juillet (1830-1848) des contrôles concernant la traite illégale entre la côte Est de l’Afrique, Madagascar et Bourbon. Plusieurs esclaves sont spécifiquement affectés à la sucrerie : Corneille, 40 ans, et Adrien, tous deux Créoles, sont commandeurs et « chefs sucrier » ; Bruneau, 44 ans, Créole est désigné comme mécanicien, « chef du moulin » ; Vulcain, 36 ans est le deuxième « chef sucrier » ; Longol, Cafre de 43 ans est désigné comme « mécanicien ». Ces précisions reflètent l’évolution des tâches sur les habitations sucreries au cours de la première moitié du XIXe siècle. A partir des années 1830 en effet, dans la masse des esclaves bourbonnais, certains acquièrent les précieuses qualifications nécessaires à la manœuvre des mécaniques d’une sucrerie16, formant une sorte « d’élite » parmi la population servile. Le recensement de 184717, le dernier concernant Bois Rouge pour la période servile, indique : cinq hectares en savanes, 35 hectares en maïs, 52 hectares en canne à sucre et 10 hectares en manioc. La récolte de maïs s’élève à 60 tonnes et celle de sucre à 250 tonnes. 219 esclaves sont mentionnés : 104 Créoles, 49 Malgaches, 51 Mozambiques (Cafres), 15 Malais. Une dizaine d’esclaves sont toujours affectés spécialement à la sucrerie. On y retrouve plusieurs prénoms mentionnés dès 1842 comme Bruneau, 49 ans, « mécanicien », ou Corneille, 45 ans, et Adrien, 43 ans, tous deux Créoles, commandeurs et « chefs sucriers ». Ces derniers sont toujours secondés par Vulcain, 41 ans, Malgache, deuxième chef sucrier. Un « chef des ouvriers », Lubin, Cafre de 53 ans vient compléter cette première équipe tout comme Petit Jasmin, 31 ans, Cafre, ou Miliu, 41 ans, Créole, tous deux mécaniciens. Dans le cadre du régime servile à Bourbon, le mot ouvrier paraît anachronique. Concernant la période de 1816 à 1848, la population esclave de Bois Rouge augmente fortement de 1816 à 1831, passant de 118 à 307 individus, chiffres qui reflètent la mise en valeur du domaine que se constitue dans la plaine de Bois Rouge François-Xavier Bellier-Montrose. De 1831 à 1847, la tendance s’inverse. 307 esclaves en 1831, 219 en 1847, cette diminution peut s’expliquer par la volonté d’Alexandre Protet de développer les autres domaines qu’il a acquis dans les années 1830-1840, mais aussi par un certain désintérêt pour le site de Bois Rouge. Le 30 septembre 184818, trois mois avant la fin du régime servile, Protet cède Bois Rouge à une société formée par ses beaux-frères et belles-sœurs contre la somme de 446 204 francs, prix incluant les 10 terrains, avec « maison principale, pompe à vapeur, sucrerie, magasin et bâtiments divers, 20 mules et mulets, plusieurs charrettes » et 205 esclaves. Adrien est le principal actionnaire avec la moitié des parts, l’autre moitié étant répartie entre ses frères, François-Xavier et Prosper Bellier‑Montrose, sa sœur Marianne Bellier-Montrose, épouse de Léopold Auguste Protet, les héritiers mineurs de Clémentine Bellier-Montrose, décédée, épouse de Jules Henri Maingard et Jules-Xavier et Paul Maingard. Cette société, la première dans l’histoire de Bois Rouge, prend fin le 16 mars 1853 : Adrien Bellier-Montrose rachète les parts des membres de sa famille contre la somme de 342 857,12 francs. Au début du Second Empire, il possède 100 hectares à Bois Rouge et 207 hectares sur les hauteurs de Sainte-Suzanne (propriété La Réunion, achetée en 1838), deux sites dotés d’une sucrerie. Ces établissements industriels comptent parmi les 274 usines créées à Bourbon entre 1783 et 1848, dont beaucoup n’ont eu qu’une existence éphémère. 𝐋’« 𝐞𝐦𝐩𝐢𝐫𝐞 » 𝐝’𝐀𝐝𝐫𝐢𝐞𝐧 𝐁𝐞𝐥𝐥𝐢𝐞𝐫-𝐌𝐨𝐧𝐭𝐫𝐨𝐬𝐞 De 1851 à 1861, des conditions climatiques exceptionnelles préservent La Réunion de cyclones dévastateurs. Par ailleurs, l’emploi de nouvelles variétés de canne à sucre améliore les rendements, perfectionnés aussi par l’utilisation massive d’un engrais importé du Chili, le guano. À partir des années 1850, la main-d’œuvre servile qui a partiellement quitté les grandes propriétés sucrières, est remplacée par des travailleurs libres sous contrat, les « engagés du sucre », dont la majorité est recrutés en Inde, mais aussi en Afrique de l’Est. Durant cette décennie enfin, le sucre des colonies bénéficie d’une détaxe à leur entrée en métropole, facilitant ainsi leur écoulement sur le marché national. Dans ce contexte économique favorable, la production de sucre à La Réunion passe de 18 540 tonnes en 1849 à 68 469 tonnes en 1860. En 1856, Georges Imhaus, propriétaire de la sucrerie de Rivière Saint-Pierre à Saint-Benoît, et représentant de la colonie à Paris, écrit à propos de La Réunion : « Assurément, là ne s’arrêtera point le merveilleux essor de son agriculture et de son industrie ». Cette courte période de prospérité conduit Adrien Bellier-Montrose, comme de nombreux autres propriétaires de l’île, à se lancer dans une politique d’acquisitions foncières. De 1853 à 1869, Bois Rouge devient le centre névralgique d’un empire agro‑industriel réparti sur cinq communes de la côte Est : Sainte-Marie, Sainte-Suzanne, Saint-André, Bras-Panon et enfin Saint-Benoît. Aux domaines de Bois Rouge et de La Réunion viennent s’ajouter : L’Union, à Bras-Panon, acheté en 1857, Rivière des Roches, acquise en 1863 et la propriété Dureau, connue plus tard sous le nom de La Révolution, à Sainte-Marie est achetée en 1869. Chacun de ces domaines possède une sucrerie. À la fin du Second Empire, Adrien Bellier possède plusieurs centaines d’hectares dans l’Est et cinq sucreries. Son appétit foncier est comparable à celui d’autres familles de l’île qui, au cours de la même période, rassemblent toujours plus de terres. A titre de comparaison, on peut citer l’exemple des familles Orré, Choppy ou Le Coat de K/véguen qui se constituent de vastes domaines à Saint-Pierre, Petite-Île ou Saint-Joseph. Mais la prospérité des années 1850 est factice. Des voix s’élèvent dans la colonie afin d’attirer l’attention sur le remembrement des meilleures terres entre les mains de quelques familles, l’accroissement inconsidéré des surfaces cultivées en cannes à sucre au détriment des cultures vivrières, mais surtout l’endettement excessif des industriels. En 1862, l’ingénieur Louis Maillard écrit : « L’envahissement de la canne, qui fait maintenant la fortune de la colonie, est-il un bien ? Est-il un mal ? Telle est la question souvent posée […] nous restons convaincus que tôt ou tard, la culture de la canne disparaîtra […] »21. Un an plus tard, la conjoncture économique devient extrêmement défavorable : La Réunion exporte 47 800 tonnes de sucre en 1863 contre 61 564 l’année précédente. La baisse des cours mondiaux du sucre, la fin du régime de détaxe des sucres coloniaux, le retour de graves cyclones et le développement du borer, insecte ravageant les champs de canne à sucre, font chuter la production qui varie, entre les années 1870 et les années 1900, entre 20 000 et 40 000 tonnes. Au début de cette nouvelle crise, Clémentine de Heaulme, épouse d’Adrien Bellier-Montrose, écrit dans son journal intime : « Vraiment cette année de novembre 1864 à décembre 1865 a été extraordinairement fertile en catastrophes de tout genre : chutes et ruines, […] Tous les ans nous n’avons plus de récoltes, déçus constamment dans tout ». Il devient urgent de moderniser pour survivre, d’emprunter pour transformer l’unique industrie de l’île, moribonde et au matériel souvent obsolète, afin de maintenir sa compétitivité. C’est dans ce contexte économique défavorable qu’Adrien Bellier-Montrose sollicite auprès du Crédit Foncier Colonial un prêt d’un million de francs. Implantée dans l’île depuis 1863, cette banque initie un nouveau type de prêts : les prêts sur le long terme, 20 ans, à un taux de remboursement avantageux contrairement aux taux usuriers appliqués dans la colonie. Mais ces prêts sont accordés avec prudence après signature d’un contrat très strict qui fixe dans le détail les clauses du remboursement des annuités et qui se font toujours avec une garantie sur les biens immobiliers des emprunteurs. Un contrat de garantie hypothécaire est dressé le 31 octobre 1864. Bois Rouge, d’une superficie globale de 314 hectares, est divisé en quatre unités d’exploitation contiguës dont la principale « l’habitation de Bois Rouge » proprement dite. Le 27 juillet 1873, une vente aux enchères met un terme à la situation juridique confuse qui dure depuis quatre ans entre Adrien et ses enfants. Il rachète pour 2 480 250 francs, Bois Rouge, La Réunion, l’Union, et Rivière des Roches évitant le morcellement de son « empire ». L’habitation Dureau à Sainte-Marie devient la propriété exclusive d’Émile Bellier-Montrose, son troisième fils. Adrien dirige ses propriétés avec l’aide des membres de sa famille jusqu’à son décès survenu à Saint-André le 7 août 1891, à l’âge de 85 ans. Industriel et propriétaire terrien, Adrien Bellier-Montrose est également un homme politique important de la colonie des années 1830 à son retrait de la vie publique en 1879. Membre des Francs-Créoles sous la Monarchie de Juillet, il représente la colonie de 1857 à 1859 au conseil permanent des colonies auprès du ministre. Tentés par une division de leur important patrimoine foncier, les héritiers Bellier-Montrose préfèrent y surseoir en 1896 et confient l’administration générale des sucreries et domaines leur appartenant à l’un d’entre eux : Émile Bellier-Montrose (1837-1905) qui s’installe dans la maison de Bois Rouge. Sous la direction d’Émile Bellier-Montrose, la sucrerie est agrandie comme l’attestent deux photographies datées de 1897 et 1904. L’usine est en partie reconstruite et agrandie de plusieurs bâtiments élevés sur la plate-forme de réception des cannes. Mais l’absence de documents d’archives ne permet pas de préciser la nature de ces transformations. A partir de 1912, si le destin de Bois Rouge reste lié à celui d’une famille, la création de la SAB ouvre une nouvelle page de l’histoire de la sucrerie, celle des sociétés anonymes du XXe siècle. A partir de 1912, si le destin de Bois Rouge reste lié à celui d’une famille, la création de la SAB ouvre une nouvelle page de l’histoire de la sucrerie, celle des sociétés anonymes du XXe siècle. 𝑺𝒐𝒖𝒓𝒄𝒆(𝒔) : 𝒔𝒊𝒕𝒆 𝒘𝒆𝒃 𝒅𝒖 𝒎𝒖𝒔𝒆́𝒆 𝒉𝒊𝒔𝒕𝒐𝒓𝒊𝒒𝒖𝒆 𝒅𝒆 𝑽𝒊𝒍𝒍𝒆̀𝒍𝒆 ; 𝒆𝒙𝒕𝒓𝒂𝒊𝒕 𝒅'𝒖𝒏 𝒂𝒓𝒕𝒊𝒄𝒍𝒆 𝒅𝒆 𝑭𝒆́𝒍𝒊𝒙 𝑻𝒐𝒓𝒓𝒆𝒔 (« 𝒍𝒆 𝒅𝒆𝒔𝒕𝒊𝒏 𝒄𝒐𝒏𝒕𝒓𝒂𝒓𝒊𝒆́ 𝒅𝒆 𝒍’𝒊𝒏𝒅𝒖𝒔𝒕𝒓𝒊𝒆 𝒔𝒖𝒄𝒓𝒊𝒆̀𝒓𝒆 𝒅𝒆 𝑳𝒂 𝑹𝒆́𝒖𝒏𝒊𝒐𝒏 𝒂𝒖 𝑿𝑰𝑿𝒆 𝒆𝒕 𝑿𝑿𝒆 𝒔𝒊𝒆̀𝒄𝒍𝒆𝒔 ») ; 𝑾𝒊𝒌𝒊𝒑𝒆́𝒅𝒊𝒂 ; 𝑯𝒊𝒔𝒕𝒐𝒊𝒓𝒆 𝑰𝒕𝒊𝒏𝒆́𝒓𝒂𝒏𝒕𝒆"
@histoireitinerante
"En rodage le 11 août 2023. Essayer plutôt en fin du mois d'août. A visiter pendant la campagne sucrière de juillet à décembre. Visite de la partie distillerie également et dégustation en fin de visite des rhums Savanna"
@caroline.strehl20