Teqeja e Dollmës

"À l'intérieur de la citadelle, plusieurs maisons sont encore habitées. Parmi elles, celle de la famille Dollma. Depuis des générations, cette famille veille sur le petit tekké bektashi repérable à son toit en forme de dôme. Construit en 1789, celui-ci est l'un des plus anciens du pays, puisque c'est le baba (père spirituel) de Kruja qui aurait converti Ali Pacha au bektachisme vers 1810. Utilisé comme lieu de stockage après l'interdiction des religions en 1967, le tekké est redevenu un lieu de culte grâce à la famille Dollma dont les hommes sont babas de père en fils depuis trois générations (le père et le grand-père sont enterrés à côté du tekké). Le tekké en lui-même est d'un aspect très simple, composé de trois petits bâtiments décorés d'arabesques, de tapis, de broderies et de portraits de saints bektachis offerts par les fidèles du monde entier. En été, la femme de Baba Dollma vend des costumes traditionnels dans un petit magasin en haut des escaliers. Berceau du bektachisme en Albanie, Kruja compte une dizaine de tekkés disséminés dans la ville et ses alentours, dont le tekké troglodytique de Sari Satlitik (teqeja Salltikut), situé au nord-est sur la montagne de Kruja, accessible à pied par un sentier de 3 km au départ de l'hôtel Panorama ou par une nouvelle route de 7 km. Derviche mort vers 1297, Sari Salltik est un des saints les plus vénérés par les bektashis, dont la dépouille fut enterrée dans sept lieux différents des Balkans (notamment à Mostar et Blagaj en Herzégovine, et à Kaliakra en Bulgarie). Son türbe fait ici l'objet de pèlerinages auxquels participent aussi bien des musulmans que des chrétiens."