MILAN / LOMBARDIE
Santa Maria delle Grazie
. L'église de Santa Maria delle Grazie s'élève sur une très jolie place, bordée de d'élégants immeubles bourgeois. L'édifice d'origine fut bâti par les dominicains entre 1465 et 1490. C'est à Bramante que l'on doit son habit Renaissance en 1492. Commandité par Ludovic le More, qui destinait l'église à devenir le mausolée des Sforza, le grand architecte apporta sa touche géniale en élevant l'impressionnante tribune, la sacristie, le choeur rectangulaire et un charmant petit cloître.
L'intérieur lumineux surprend par l'harmonie de ses proportions. Eblouissante, une coupole à 16 pans, oeuvre de Bramante, s'élève au-dessus du choeur. Surmontée par une galerie, elle est soutenue par quatre grandes arcades. Les chapelles latérales ont maintenu leur décor d'origine ; on s'attardera en particulier sur la quatrième chapelle de droite pour admirer les fresques de Gaudenzio Ferrari (
Crucifixion
et
Ecce Homo
, 1542).
Cenacolo Vinciano
. En entrant dans le réfectoire du couvent annexe, on se trouve devant la plus célèbre fresque de l'histoire de l'art,
La Cène
de Léonard de Vinci (
Cenacolo Vinciano
). Réalisée entre 1495 et 1498, à la demande de Ludovic le More. D'une taille de 9 m x 5 m, le sujet, aussi savant que dramatique, évoque l'institution de l'Eucharistie, au moment même où Jésus, les lèvres encore entrouvertes, vient d'annoncer aux apôtres la trahison de l'un d'entre eux. Stupéfaits, ces derniers, groupés par trois, montrent leur bouleversement par la forte expressivité de leur visage. Des dizaines d'interprétations différentes ont vu représentés dans la composition une partition musicale, un message codé ou encore des extraits des évangiles apocryphes.
Endommagées par la pollution ainsi que par une bombe qui, en 1943, détruisit le réfectoire tout en laissant miraculeusement la paroi de
La
Cène
intacte, mais surtout par la technique employée par Léonard lui-même, les couleurs de la fresque ont très mal supporté le passage du temps. Grand inventeur, Léonard ne la peignit pas
a fresco
(à frais) mais utilisa sur un mur sec une mixture de pigments à l'huile, pour pouvoir modifier l'oeuvre à sa guise. Vingt ans après, l'humidité et la saleté avaient déjà altéré le chef-d'oeuvre. Aujourd'hui
La Cène
a subi plusieurs restaurations au cours des siècles, dont la dernière, une des plus longues de l'histoire, de 1978 à 1999, a rendu tout leur éclat aux drapés et aux incarnats. Sur le mur d'en face, une
Crucifixion
du peintre Montorfano (1495) passe quasiment inaperçu face à l'éclat de
La Cène
.