Leipzig est-elle un nouveau Berlin ? Alors que la trépidante capitale allemande s'officialise, s'assagit, se boboïse, Leipzig elle, l'authentique métropole de l'Est, avec sa scène alternative, ses artistes et ses "subcultures" se voit aujourd'hui précipitée sous les feux de la rampe. Elle est sans cesse matière à de nouveaux articles élogieux dans les médias des quatre coins de l'Europe... Car artistes, étudiants, vieux punks, nouveaux gothiques, anciens combattants progressistes de l'ex-RDA, néo-explorateurs venus de l'Ouest et créateurs en tout genre y animent de denses réseaux et reconquièrent progressivement des quartiers délaissés depuis la chute de la RDA. Ils donnent au passage à cette ville en pleine ascension économique une richesse culturelle rare et atypique. Mais la comparaison avec Berlin s'arrête ici. La Messestadt Leipzig, "" ville de foires "" qui a fondé sa richesse sur le commerce, est une ville étonnante, inclassable. Cette dynamique cité saxonne de 520 000 habitants connait depuis 1989 des mutations hallucinantes. Elle est l'une des villes d'Europe qui ont le plus changé de visage en 25 ans. Son enfant l'ayant quittée en 1990 et ne revenant qu'aujourd'hui devra se pincer pour la reconnaître... Vitrine de la réussite économique allemande à l'Est (alors que ses consoeurs se débattent dans les problèmes de paupérisation et de dépopulation), ville d'Allemagne à la plus forte croissance, son identité repose depuis deux siècles sur les superlatifs, la faisant osciller entre brio et mégalomanie.Le mieux de ce que le visiteur peut trouver à Leipzig ? Un périmètre épatant d'architecture "" Gründerzeit "", Belle-Epoque, offrant des dizaines de kilomètres de rues aux façades élégantes et travaillées, ponctuées de bâtiments d'apparat. Plagwitz, un quartier industriel du XIXe siècle parfaitement préservé et réhabilité, classé à l'UNESCO, traversé par des canaux lui donnant des airs de Venise industrielle. La Karl-Liebknecht-Strasse, une gigantesque artère vivante où se succèdent bars, clubs et restaurants, point névralgique de la vie festive de la ville. D'anciennes usines reconverties en centre culturel (Werk II) ou en quartier d'art géant (Baumwollspinnerei). Deux églises gothiques majeures, l'une qui vit Jean-Sébastien Bach composer l'essentiel de son oeuvre, l'autre le régime communiste entamer sa chute. Un des plus grands hôtels de ville Renaissance d'Allemagne ou encore un musée de la Stasi monté par d'anciens dissidents... Communisme, Art nouveau, industrie, art contemporain, vitrines marchandes, fête, concerts, underground, autant de mots-clés qui indiquent des visages différents de cette ville multi-facettes ! Comme disent les Saxons, Leipzig putzt sich raus ("Leipzig se met sur son 31")